Depuis quelques semaines, le pays connaît un mouvement social d’ampleur, notamment dans les transports (RATP, SNCF). Au-delà de la question spécifique des retraites et des régimes spéciaux de certaines catégories de salarié·e·s, ce mouvement, qui s’est élargi à de nombreuses autres catégories, en particulier les enseignant·e·s de la fonction publique, témoigne d’un malaise, d’une défiance et parfois même d’une angoisse grandissante au sein de la population. C’est la raison pour laquelle, au-delà des difficultés réelles qu’il entraîne pour beaucoup, le soutien populaire dans l’opinion, tel que le traduisent les sondages, ne faiblit pas.
La Ligue de l’enseignement n’a pas de position arrêtée sur l’organisation du système de retraites, sauf pour rappeler son attachement aux principes qui fondent notre protection sociale : solidarité entre les générations, universalité des prestations, mutualisation solidaire des efforts de tous en proportion de leurs moyens et en, ce qui concerne les retraites, principe de la répartition. En revanche, elle partage les inquiétudes qui s’expriment et elle est solidaire de celles et ceux, en particulier les enseignant·e·s, qui craignent légitimement que la réforme proposée n’augmente les inégalités et n’appauvrisse durablement les futurs retraités. Les craintes pour l’avenir de notre Etat social s’ajoutent ainsi aux peurs que provoquent la montée des inégalités et les menaces issues du risque écologique.
Elle s’étonne que le gouvernement ait proposé une telle réforme d’ampleur avec une telle impréparation, faisant fi des contacts préparatoires qui avaient pu être noués dans une première phase avec les organisations syndicales. Elle dénonce son obstination et son attitude à l’égard des corps intermédiaires. Elle demande que le gouvernement accepte enfin de négocier sans préalable avec les organisations représentatives des travailleurs·euses et des fonctionnaires.
Pour sa part, la Ligue de l’enseignement compte mobiliser ses Fédérations départementales pour faire vivre les propositions contenues dans le Pacte du pouvoir de vivre, signé aujourd’hui par plus de 50 structures et organisations, qui allie l’exigence de justice sociale, de reconnaissance de la dignité de chacun, et de réponse à l’urgence écologique.
A Paris, le 20 décembre 2019.