Pour 2018, le projet de loi de finances (PLF) prévoit une forte réduction du nombre de contrats aidés dans le secteur associatif… avec pour conséquences des impacts directs sur la capacité des associations à rendre des services à la population et à répondre aux besoins des citoyens. Le réseau de la Ligue de l’enseignement n’est pas épargné.

Sébastien Darrigrand, délégué général de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) alertait déjà en août dernier : « Cette mesure aura des conséquences sur la capacité des structures à répondre à leurs missions sociales, au détriment de l’accompagnement des plus fragiles (1). » Clubs sportifs, centres sociaux, centres de loisirs, festivals… autant d’associations qui prévoyaient de recourir aux emplois aidés à la rentrée et qui ont dû renoncer.

Les fédérations départementales de la Ligue de l’enseignement et leurs associations, mobilisées dès le mois d’août, continuent d’alerter sur les conséquences de cette décision budgétaire qui se traduisent déjà par la suppression de nombreuses activités ou la fermeture de structures entières (crèches, centres sociaux…).

Du côté de Saint-Étienne, plusieurs fédérations d’éducation populaire, dont la Ligue de l’enseignement de la Loire, ont organisé un « mercredi noir » le 18 octobre dernier : la quasi-totalité des centres sociaux, centres de loisirs et amicales laïques de la ville étaient fermés pour dénoncer la suppression de 250 emplois aidés depuis la rentrée. Ces salariés travaillaient dans les centres de loisirs, auprès de personnes âgées ou dans des clubs sportifs. Dans le domaine du sport justement, c’est Jean Belmer, président de l’association lyonnaise Action basket citoyen (ABC) qui déplore cette décision budgétaire dans les colonnes du Monde : « Sans les emplois aidés, jamais nous n’aurions pu développer notre intervention dans les quartiers. Aujourd’hui, si on les supprime, des pans entiers d’activités associatives sont compromis. » L’action de l’association ABC concerne pourtant plus de 2 500 élèves dans les écoles (à travers les activités périscolaires ou les projets pédagogiques), et plus de 2 000 jeunes dans les quartiers de la métropole.
Autres exemples : à Rouen d’abord, où l’association Mer et Campagne, après 70 ans d’existence, est vouée à disparaître. Elle œuvre dans deux quartiers prioritaires de la politique de la Ville. « Nous avons créé le premier jardin partagé de la ville, nous avons emmené des centaines de personnes en vacances, des gens qui n’auraient jamais quitté le quartier », fait valoir Manou Fondard, présidente de l’association. Et à Lorient, Idées tournées (IDD) – qui a déjà dû se séparer d’un emploi aidé et risque de perdre les deux autres – ne peut plus accueillir autant de monde à ses ateliers de recyclage. L’association s’adresse pourtant à des publics très divers, à commencer par ses 2 000 adhérents, mais aussi à des enfants autistes, des jeunes chargés de travaux d’intérêt général (TIG) ou encore des personnes handicapées. « C’est la première fois qu’on refuse [une demande de TIG de la part du Spip (Service pénitentiaire d’insertion et de probation)] mais on y est contraints. Comment voulez-vous qu’on accueille et qu’on encadre des jeunes dans ces conditions » déplore Nadine Thouvenin, sa directrice.

Sur l’ensemble du territoire, la vie associative est ainsi fragilisée. Pour autant, les associations et fédérations du réseau de la Ligue de l’enseignement ne relâchent pas leur mobilisation et continuent de sensibiliser les acteurs publics et plus largement la population.
La campagne #dutilitécitoyenne portée avec le Mouvement associatif illustre cette mobilisation.

(1) Article de La Croix du 29/08/17.

Revue de presse :
« Les associations grenobloises mobilisées face à la baisse des contrats aidés », placegrenet.fr – 9/11/17

« Contrats aidés : les quartiers prioritaires subissent de plein fouet le désengagement de l’État, Mediapart »– 27/10/2017

« L’association lyonnaise ABC inquiète pour son avenir, Le Monde » – 18/10/2017

« Suppression des contrats aidés : un mercredi noir dans les centres de loisirs et les amicales de Saint-Étienne, France Bleu »– 17/10/2017

« Contrats aidés : inquiétudes en Bretagne, Le Figrao.fr» – 12/10/2017

« Une dizaine d’associations se sont retrouvées pour parler de la fin des contrats aidés, Le Berry républicain »– 22/09/2017

« Contrats aidés. Plus d’une vingtaine d’emplois costarmoricains menacés selon la Ligue de l’enseignement, gref-bretagne.com »– 15/09/2017

« Contrats aidés : Idées détournées en sursis, Le Télégramme » – 09/09/2017

« Ligue de l’enseignement du Morbihan : 130 contrats aidés menacés, Ouest France »  – 07/09/2017