Le collectif « Jeunesse Citoyenneté Émancipation », dont est membre la Ligue de l’enseignement, s’oppose à la dimension obligatoire du Service national universel (SNU) et le fait savoir au président de la République en lui adressant cette lettre ouverte. Le collectif regroupe des syndicats, des associations de jeunesse, d’éducation populaire, de défense des droits, qui ne se retrouvent pas dans la philosophie actuelle du SNU.
Contenu de la lettre :
Nous avions sollicité une audience relative au Service National Universel (SNU), en novembre 2022. Notre demande d’entrevue étant restée sans suite, nous vous adressons cette lettre ouverte pour faire connaître notre positionnement sur le SNU et ses conditions de généralisation.
Lors de vos vœux adressés à la Nation vous avez annoncé « poser les premiers jalons du Service National Universel ». La forme actuelle du dispositif veut mobiliser les jeunesses face à une nation supposée en danger avec la possibilité de formater, contrôler et militariser les jeunes. Attachées à la philosophie et aux pratiques de l’éducation populaire, les organisations signataires refusent toute forme descendante et autoritaire de pédagogies et de dispositifs qui contredisent une volonté émancipatrice et responsable.
Nous considérons que l’engagement doit rester entièrement choisi. Ceci pour garantir un égal accès à l’insertion dans la vie sociale pour tous les jeunes et un engagement citoyen qui ne soit pas soumis à une contrainte.
D’autre part, à l’heure où l’on manque d’animateur.ices pour permettre aux enfants de partir en accueil de loisirs et colonies de vacances, nous ne pouvons pas créer une concurrence avec le dispositif SNU.
Par ailleurs, à travers notre proposition « Jeunesse Citoyenneté Émancipation », nous souhaitons sortir de l’éparpillement des dispositifs, pour aller vers une politique de jeunesse transversale, ambitieuse et émancipatrice. Nous préférons que le budget alloué au SNU soit réorienté vers des propositions d’engagements citoyens dont certains sont déjà portés par nos structures, et qu’elles puissent s’organiser sous une forme de « parcours citoyen », parcours dans lequel se retrouveraient des engagements dans et hors de l’école (élève délégué, service civique, BAFA…)
De plus, depuis sa mise en œuvre, les jeunes représenté.es par les organisations de jeunesses n’ont pas directement été consultés sur le dispositif. Les premiers concerné.es par une politique publique d’ampleur telle le Service National Universel ont pourtant des propositions pertinentes à faire.
Nous restons à votre disposition pour vous les présenter dans le détail.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de nos salutations respectueuses.