Communiqué de presse 19 juin 2020
Pour une politique éducative globale et concertée entre l’Etat, les collectivités et les associations d’éducation populaire.
La crise sanitaire a mis une loupe sur les inégalités scolaires qui préexistaient. La nécessité du confinement a renvoyé enfants et jeunes à leurs conditions sociale et familiale : plus de 500 000 jeunes sont « perdus de vue » notamment ceux de lycées professionnels. Les réponses données en urgence ne sont pas à la hauteur des enjeux éducatifs.
L’avenir de l’Ecole n’est pas dans les 2S2C. Ce dispositif de secours, lancé pour pouvoir accueillir tous les élèves, dans un cadre exceptionnel de protocole sanitaire, n’a pas vocation à devenir pérenne ni à se substituer à l’enseignement. Or, le ministre a annoncé qu’il préfigurait « l’avenir de l’école » : en voulant confier les enseignements artistiques, culturels et sportifs à des intervenants choisis par les collectivités, sans agrément, sans financement approprié, les inégalités territoriales seraient accrues, principalement entre villes et monde rural, l’Ecole publique serait fragilisée.
Scolariser les vacances est une réponse illusoire qui ne compensera pas les inégalités révélées par la crise sanitaire. 6 mois sans véritable continuité pédagogique pour tous et sans Ecole, ce lieu de fabrication de connaissances collectives, ne peuvent être « rattrapés » par une semaine « d’Ecole buissonnière » ou de « colos apprenantes » durant l’été !
Les vacances sont avant tout un droit pour tous. Les vacances organisées par la Ligue sont des moments éducatifs qui font vivre aux enfants et aux jeunes des expériences collectives pour apprendre à connaître l’autre, l’environnement et à le respecter.
Pourtant la Ligue de l’enseignement de Normandie participera à ces dispositifs exceptionnels.
Parce que les besoins des jeunes et des familles sont réels. Parce que nous avons fait la preuve de notre expérience dans le domaine éducatif. Parce que nos vacances et nos activités sont déjà éducatives. Parce que nos équipes sont compétentes pour encadrer les enfants et les jeunes.
En tant que mouvement d’éducation populaire complémentaire de l’Ecole publique, la Ligue de l’enseignement estime qu’elle est dans son rôle en participant à des dispositifs d’aide dans le cadre des politiques publiques lancées par l’Etat.
Mais la Ligue de l’enseignement de Normandie ne participera pas au SNU. Ce dispositif construit à la suite des attentats de 2015 est mis en place depuis 2019. Le Conseil d’Administration et les 5 fédérations départementales se sont déjà prononcés en juillet 2019 contre le principe de son obligation et son caractère militaire. La Ligue de l’enseignement dénonce également la diminution des financements du Service civique. Réagir face aux crises, sécuritaire ou sanitaire, ne peut exonérer les pouvoirs publics d’une réflexion partagée avec les associations d’éducation populaire sur une politique globale pour répondre aux besoins de toutes les jeunesses.
Les associations, maillons indispensables des politiques de proximité. Nos associations déjà mises à mal par les politiques publiques aléatoires (comme la réforme des rythmes scolaires) ou par les revirements brutaux (comme l’arrêt des contrats aidés) sont maintenant secouées par la crise sanitaire qui a contraint de mettre à l’arrêt la quasi totalité de nos activités depuis trois mois. Nous savons nous adapter et nous l’avons prouvé en nous mobilisant pour assurer l’accueil gratuit des enfants des personnels prioritaires depuis le 16 mars. Mais sommés de travailler dans l’urgence, la complexité et le changement incessant de dispositifs, les personnels et militants associatifs – responsables, professionnels de l’animation, bénévoles – sont fatigués de subir les revirements incessants des politiques publiques. Les associations doivent être reconnues comme corps intermédiaire, partenaires des collectivités locales dans le cadre des projets territoriaux et non comme des prestataires de service travaillant à perte, au gré des intérêts du moment. La vie associative est une actrice du temps long.